PARIS — A peine nommé, le Premier ministre a promis de “supprimer les derniers avantages ‘à vie’ qui sont encore accordés” à ses prédécesseurs. De cette promesse en apparence limpide, il fallait en fait comprendre que Sébastien Lecornu voulait s’attaquer au “à vie” plus qu’“aux avantages” en eux-mêmes, dans un décret à la publication imminente, selon Le Parisien.
Car les ex-chefs de gouvernement continueront bien à bénéficier d’un chauffeur avec voiture, avec une limite dorénavant fixée à dix ans maximum (pas de limite auparavant). Concernant le recours à un secrétariat sur demande, celui-ci reste limité à dix ans, jusqu’à 67 ans, comme dans le décret qui encadre ces avantages, pris sous Edouard Philippe en 2019.
Bref, la principale nouveauté de cette miniréforme réside dans le fait que la limitation à dix ans sera, cette fois, rétroactive à partir du 1er janvier 2026.
De fait, les Premiers ministres sortis de Matignon avant la fin 2015 devraient voir leurs avantages s’éteindre. Dominique de Villepin, Jean-Pierre Raffarin, Lionel Jospin, François Fillon, Edouard Balladur, Alain Juppé, Laurent Fabius, Edith Cresson et Jean-Marc Ayrault sortiront désormais le chéquier pour garder cette intendance.
“C’est un petit pas qui va dans la bonne direction”, réagitVincent Delahaye. Mais le sénateur centriste reste toutefois largement sur sa faim, alors que son groupe a fait supprimer en janvier par amendement tous les avantages des anciens Premiers ministres et des présidents de la République, avant que le gouvernement et les députés macronistes ne reviennent dessus dans la copie finale du budget 2025.
“Il est grand temps d’en finir avec ces avantages”, promet le parlementaire, qui se prépare à porter de nouveau le combat dans l’hémicycle cet automne.
Un million pour les caisses de l’Etat
La question de la protection policière de nos anciens gouvernants, financée par les deniers du ministère de l’Intérieur, sera elle aussi limitée dans le temps dans le prochain décret, et “reconductible en cas de menace”, là où il n’y avait aucun cadre réglementaire clair. Mais elle ne fait guère débat dans les rangs du Parlement.
Hors ce budget sécurité, les économies représentées par ces annonces devraient s’élever à un gros million d’euros, en se basant sur les dépenses 2023 des bénéficiaires du dispositif (1,42 million d’euros, un chiffre révélé par POLITICO).
On parle là des dépensiers Bernard Cazeneuve et Manuel Valls (plus de 200 000 et 140 000 euros respectivement), ou de l’économe Jean Castex (à peine 3 000 euros). S’agissant d’Edouard Philippe, Elisabeth Borne et Gabriel Attal, ces commodités leur restent interdites tant qu’ils exercent “un mandat” d’élu ou “une fonction publique”.
La réforme Lecornu, qui ne touche donc pas aux avantages des deux anciens présidents de la République, laissera à Nicolas Sarkozy et François Hollande le loisir de consommer en paix l’enveloppe de 1,3 million qui leur est allouée. En plus du chauffeur, de la voiture et du secrétariat, la location du bureau et des frais de réception est prévue dans le décret pris en 2016 par un certain… François Hollande.
C’est la députée Marie-Christine Dalloz (DR) qui avait déniché l’année dernière le détail de ces dépenses, personnalité par personnalité, en allant fouiner à Matignon avec ses pouvoirs de rapporteure spéciale du budget. Elle compte remettre le couvert cette année, en actualisant les dépenses de chacun en 2024. “On verra s’ils se sont montrés plus ou moins raisonnables”, se régale-t-elle d’avance auprès de POLITICO.
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