NICE, France — Un accord international sur la protection des océans pourrait bientôt entrer en vigueur, Emmanuel Macron ayant annoncé lundi que suffisamment de pays s’étaient “formellement engagés” à ratifier le Traité sur la haute mer.
“Si la Terre se réchauffe, l’océan quant à lui est en ébullition, a déclaré le président français. Nos scientifiques nous disent des faits que nous n’aurions pu imaginer : des canicules au sein même de nos océans. Et comme la mer monte, en plus du feu, c’est la submersion qui nous guette.”
L’océan produit plus de la moitié de l’oxygène de la planète et absorbe 30% de l’ensemble des émissions de dioxyde de carbone. Mais tout ça pourrait changer alors que les écosystèmes marins et côtiers sont confrontés à de multiples menaces — notamment l’impact du changement climatique mais aussi l’effet de la pêche et de la pollution.
Selon un rapport de l’Unesco de 2024, la teneur des océans en oxygène diminue à l’échelle planétaire et le réchauffement des océans se produit à un rythme sans précédent et de plus en plus rapide.
“L’océan est notre principal allié, que l’on vive en Europe ou n’importe où dans le monde”, a déclaré Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. “Toutefois, si nous négligeons l’océan, si nous le traitons de manière irrespectueuse, l’océan se retournera contre nous”, a-t-elle ajouté, évoquant les “tempêtes toujours plus violentes [qui] ravagent nos côtes”.
Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen se sont exprimés lors de la troisième conférence des Nations unies sur les océans (Unoc) à Nice où des délégations de plus de 120 pays, dont plus de 50 chefs d’Etat et de gouvernement, sont réunies pour tenter de ressusciter les océans du monde entier, qui souffrent depuis longtemps.
Le Traité sur la haute mer — ou l’Accord sur la biodiversité au-delà des juridictions nationales (BBNJ), comme il est officiellement appelé — fixe des normes pour la création d’aires marines protégées dans les eaux internationales, entre autres mesures. Il ne pourra être mis en œuvre que lorsque 60 pays au moins l’auront officiellement ratifié.
Les partisans de l’accord espèrent que celui-ci contribuera grandement à la protection de 30% des terres et des mers de la planète d’ici à 2030, comme le prévoit l’accord sur la biodiversité conclu en décembre lors de la COP15.
Grâce aux quinze nouveaux pays qui viennent de “s’engager formellement à adhérer” — en plus de la cinquantaine de ratifications déjà déposées — le Traité sur la haute mer sera bientôt mis en œuvre, s’est félicité Emmanuel Macron lundi matin.
“C’est donc gagné”, a-t-il déclaré.
La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a par la suite précisé que certains pays, comme la Suède, le Royaume-Uni ou l’Allemagne, ont besoin d’un délai afin de consulter leur parlement pour pouvoir formellement ratifier le texte.
Notre plus grand allié
Le président français était entouré d’Ursula von der Leyen, du président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, du secrétaire général des Nations unies António Guterres et du président du Costa Rica Rodrigo Chaves, qui co-organise la conférence.
“La mer est notre premier allié contre le réchauffement climatique”, a déclaré le président français dans son discours d’ouverture.
“Aujourd’hui, nous sommes près d’atteindre les 60 signatures en vue de la ratification”, a déclaré la présidente de la Commission européenne. “Pour donner vie au Traité sur la haute mer, l’Europe contribuera à hauteur de 40 millions d’euros au programme mondial pour l’océan. C’est pourquoi je vous demande à tous aujourd’hui d’accélérer la ratification. Car notre océan a besoin que nous assumions notre rôle.”
Ursula von der Leyen a également promis un investissement d’un milliard d’euros pour 50 projets à travers le monde, tant pour ceux “qui vivent de la mer” que pour “les scientifiques et les acteurs de la conservation qui œuvrent pour la protéger”. Un tiers de cette somme sera consacré à la recherche et aux projets scientifiques.
L’UE a ratifié le traité le mois dernier. Lula, dans son propre discours d’ouverture lundi, a annoncé que le Brésil ratifierait également le traité prochainement.
Les groupes de défense de l’environnement se félicitent de l’annonce d’Emmanuel Macron, qui fait suite à des semaines de spéculation sur la question de savoir si le seuil des 60 pays nécessaires à la ratification serait atteint pendant la conférence.
“Les pays ont enfin cessé de traîner les pieds et on peut espérer maintenant aller de l’avant dans la protection de l’une des zones les plus importantes pour la biodiversité sur Terre : la haute mer”, a déclaré Catherine Weller, directrice politique mondiale de l’ONG Fauna & Flora.
“Il faut maintenant que les pays qui se sont engagés à ratifier le traité parviennent à régler les derniers détails techniques et que le véritable travail commence”, a-t-elle ajouté.
Catherine Weller a exhorté les dirigeants à suivre les “meilleures pratiques” en concevant des réseaux connectés de zones marines protégées “de haute qualité et bien gérées”. Ces réseaux devraient préserver les voies de migration d’espèces gravement menacées, telles que les baleines et les requins, par exemple.
L’éléphant (pas) dans la pièce
Les Etats-Unis brillent par leur absence à Nice. Comme l’annonçait POLITICO la semaine dernière, ils ont décidé de ne pas participer à la conférence. Un porte-parole du département d’Etat a expliqué que la conférence était “en contradiction” avec les positions de l’actuelle administration américaine.
La conférence, qui s’achève vendredi, est l’occasion pour les pays de discuter et de présenter de nouveaux accords sur des sujets tels que le financement de l’environnement, l’exploitation minière en eaux profondes, la pêche illégale ou le chalutage de fond.
Le sommet vise à promouvoir l’utilisation durable des ressources océaniques, l’un des 17 objectifs de développement durable fixés par les Nations unies. Mais l’administration Trump a rejeté ces objectifs, les qualifiant d’“incompatibles avec la souveraineté des Etats-Unis”.
Emmaunel Macron s’en est pris à cette absence, vantant un nouveau programme scientifique visant à explorer les océans de la planète — la “mission Neptune” — tandis que les Etats-Unis projettent d’envoyer des astronautes planter leur drapeau sur Mars.
“Plutôt que de se précipiter sur Mars, apprenons déjà à connaître notre dernière frontière et notre meilleur ami, l’océan”, a conclut Emmanuel Macron.
Cet article a été mis à jour. Il a d’abord été publié par POLITICO en anglais et a été édité en français par Alexandre Léchenet.
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