ANVERS, Belgique — La Commission européenne a annoncé mercredi l’octroi d’une aide à court terme de 100 milliards d’euros pour stimuler l’industrie verte dans l’UE.
Ce financement s’inscrit dans le cadre du Clean Industrial Deal ou Pacte pour une industrie propre — le plan de l’exécutif européen pour aider les industries traditionnelles à réduire leurs émissions carbone et stimuler le secteur émergent des technologies propres dans l’UE, face à la concurrence féroce de la Chine et des Etats-Unis.
“Aujourd’hui, l’Europe a décidé d’investir dans sa décarbonation et sa réindustrialisation. Plus de 100 milliards d’euros au total”, a déclaré Stéphane Séjourné, vice-président de la Commission chargé de la Stratégie industrielle, en conférence de presse. “A l’heure où certains cherchent à nous imposer leur modèle, la meilleure réponse est de renforcer notre propre modèle européen.”
La Commission est confrontée à des contraintes financières, car l’Union européenne commence à peine à négocier son nouveau budget à long terme. Mais son plan promet de “mobiliser plus de 100 milliards d’euros” pour “une industrie propre made in UE” à court terme.
L’effort de financement est centré sur une “Banque de la décarbonation industrielle” et de plusieurs autres sources rassemblées tant bien que mal.
Le plan prévoit de puiser 20 milliards d’euros dans le Fonds européen pour l’innovation, qui soutient les technologies bas carbone, et 30 milliards d’euros viendront des “compléments volontaires qui doivent être effectués par les Etats membres”, selon un document annexe vu par POLITICO.
Une révision du programme InvestEU, qui vise à attirer davantage de fonds privés, devrait rapporter 25 milliards d’euros, et la Commission compte également sur 25 milliards d’euros de recettes futures provenant du marché du carbone européen.
Quant à savoir si ce que Bruxelles appelle “court terme” correspond à l’idée que s’en fait l’industrie, c’est une tout autre question.
Wopke Hoekstra, le commissaire européen au Climat, a affirmé devant les journalistes lors de la conférence de presse que la banque de la décarbonation “pourrait lever jusqu’à 100 milliards d’euros au cours des dix prochaines années”. Ce qui pourrait ensuite attirer des fonds privés, selon le Néerlandais, et porter le total à 400 milliards d’euros.
“Avec ce plan, nous visons une réduction des émissions de l’industrie jusqu’à 30%”, a-t-il avancé.
Toutefois, certains secteurs pourraient ne pas avoir le temps d’attendre. Les entreprises sidérurgiques, en particulier, ont prévenu qu’elles risquaient un déclin irréversible si elles ne recevaient pas d’aide cette année. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a annoncé des discussions urgentes avec le secteur des métaux à partir de la semaine prochaine.
Le Pacte pour une industrie propre comprend également des mesures visant à stimuler les investissements, à faire baisser les prix de l’énergie et à accroître la demande de produits manufacturés propres.
Ces initiatives comprennent de nouveaux critères européens pour les matériaux verts achetés par les gouvernements et les autorités publiques en général.
“Ce pacte propose de repenser totalement la logique de la commande publique, qui jusqu’à présent était basée uniquement sur le critère du coût”, a détaillé Séjourné. “Nous allons ajouter de nouveaux critères de durabilité, de résilience, de performance et de préférence européenne dans les marchés publics et, plus généralement, dans l’aide publique.”
Le secteur privé sera inclus également, a-t-il ajouté : “Nous allons aussi regarder le secteur privé, par exemple les flottes de véhicules d’entreprise.”
D’autres mesures sont sur la table, dont l’achat en commun de matières premières essentielles. “Nous devons faire avec le lithium ou le cobalt ce que nous avons fait avec les vaccins Covid”, a défendu Séjourné.
Réduire les prix de l’énergie
La Commission a également publié un plan distinct, mais étroitement lié, visant à réduire les prix de l’énergie pour les entreprises européennes, en proposant des mesures pour réduire les taxes sur l’électricité, accélérer les autorisations et aider les entreprises à signer des contrats d’énergie à plus long terme.
“Nous mettons tout en œuvre pour faire baisser les prix de l’énergie”, a assuré Wopke Hoekstra.
Teresa Ribera, la vice-présidente de la Commission chargée de la Transition propre et de la Concurrence, a souligné le potentiel de la transition verte à créer des emplois dans les industries propres et les secteurs connexes.
“D’ici à 2030, les objectifs de l’UE en matière d’énergies renouvelables généreront à eux seuls plus de 3,5 millions de nouveaux emplois dans le secteur des énergies renouvelables”, a-t-elle anticipé. “Mais cette transition est synonyme de changement : certains secteurs devront faire face à des circonstances difficiles.”
Le Pacte pour une industrie propre comprend une partie sur le recyclage et les questions sociales, promettant une stratégie à venir “pour donner aux gens les compétences dont ils ont besoin”. Mais ce n’est pas l’objectif principal du document.
Collectivement, les commissaires européens ont adopté un ton optimiste, affirmant que la morosité économique de l’Europe peut être résolue — et qu’ils ont un plan pour ce faire.
Le monde, a déclaré Ribera, “change, bouge rapidement et nous devons en faire autant”.
Et la vice-présidente de la Commission d’ajouter : “Notre vision est de faire de l’Europe une puissance industrielle propre.”
Aude van den Hove, Marianne Gros, Jordyn Dahl, Victor Jack et Gabriel Gavin ont contribué à cet article.
Cet article a d’abord été publié par POLITICO en anglais et a été édité en français par Jean-Christophe Catalon.
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