TotalEnergies s’est félicité de l’offre du gouvernement mozambicain d’autoriser une enquête sur les allégations de massacre dans le cadre de son mégaprojet gazier dans le nord du Mozambique — et a demandé qu’une enquête soit menée “dès que possible”.
Cet appel intervient après que la filiale mozambicaine de l’entreprise, Mozambique LNG, a déclaré avoir mené ses propres “recherches approfondies” et n’avoir “identifié aucune information ou preuve susceptible de corroborer les allégations d’abus graves et de torture”.
POLITICO a rapporté en septembre qu’une unité militaire mozambicaine opérant à partir de de la concession gazière de TotalEnergies avait rassemblé dans des conteneurs à l’entrée du site un groupe de 180 à 250 personnes et les avait gardées là pendant trois mois.
Onze survivants et deux témoins ont déclaré que seuls 26 hommes avaient survécu à cette épreuve. POLITICO a publié un résumé d’une enquête qui a identifié 97 victimes et énuméré les causes de leur décès : suffocation, coups à mort, coups de feu, “disparition” — enlèvement et exécution présumée — et disparition, mort présumée après avoir été vu pour la dernière fois sous la garde de l’armée.
Des proches des victimes ont déclaré à POLITICO qu’ils avaient gardé le silence sur le massacre par crainte de représailles.
Les travaux sur le site ont été interrompus en 2021 lorsque des militants islamistes ont envahi la région. TotalEnergies et les autorités mozambicaines ont nié toute connaissance de l’attaque.
Dans une déclaration publiée mardi, Mozambique LNG note qu’en octobre, le ministère mozambicain de la défense s’est déclaré “totalement ouvert et disposé à accepter une enquête transparente et impartiale”.
“Mozambique LNG a invité les autorités mozambicaines à mener une telle enquête dès que possible”, peut-on lire dans la déclaration. “Mozambique LNG continuera à suivre les autorités mozambicaines, car elles seules peuvent faire avancer l’enquête à ce stade.”
Le 24 novembre, une enquête conjointe du Monde et du média d’investigation Source Material a publié des conclusions similaires à celle de POLITICO.
Il y a deux semaines, des manifestants de la péninsule d’Afungi, où se trouve la concession, ont commencé à bloquer les portes d’entrée du site de Total en brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : “Total, nous ne voulons pas la guerre. Nous voulons nos droits.”
Des associatifs et des législateurs européens, dont les Amis de la Terre, réclament une enquête indépendante des Nations unies sur le massacre.
Un porte-parole de l’ONG en France a déclaré qu’en proposant aux autorités mozambicaines d’enquêter sur les militaires responsables de violations des droits de l’homme, TotalEnergies “démontre une fois de plus sa collusion avec les mêmes autorités dont le rôle et la responsabilité dans ces atrocités présumées sont actuellement remis en question”.
“Notre demande d’une enquête véritablement indépendante est plus nécessaire et plus urgente que jamais”, a-t-elle déclaré, ajoutant que “le fait que TotalEnergies ait complètement ignoré les voix et la douleur des victimes (…) donne une très mauvaise image de l’entreprise”.
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